Société Internationale pour l’Étude du Théâtre Médiéval

 

Ninth International Colloquium: Odense 1998

 

 

La chapelle ouverte et Fray Jacobo Daciano: la fête de la Passion à Tzintzuntzan, Michoacán

 

topic: Easter plays.

Armando García Gutiérrez

Université Nationale Autonome de Mexico

(U.N.A.M.)

 

(Traduction: Caroline Burgeff D.)

 

 

 

 

 

Introduction.

 

Cette communication a le propos de développer plusieurs sujets de recherche. Nous commencerons par faire un bref suivi de l’oeuvre d’évangélisation de Fray Jacobo Daciano dans la région du Michoacán au Mexique, dans le but d’identifier sa possible participation dans la conception et la construction de deux chapelles ouvertes, à Tarecuato et à Tzintzuntzan. Nous essayerons également d’expliquer la manière dont ces espaces ont été conçus pour l’évangélisation des indigènes. Une partie importante de ce travail sera consacrée à la description de l’utilisation spatiale lors de la Fête de la Passion qui se célèbre encore tous les Vendredis Saint dans l’atrium et la chapelle ouverte du couvent de Tzintzuntzan: dans ce cas, l’atrium, la chapelle ouverte et les chapelles "posas" du couvent s’articulent, chaque année, dans un complexe système de représentation scénique-réligieuse. Nous essayerons d’élucider la maniere dont a été présérvée l’utilisation des espaces de représentantion réligieuse en plein air au Mexique, en observant la présence des héritages scéniques médiéval, renaissant et même préhispanique qui ont été probablement présents lors de la conception de ces espaces en la Nouvelle Espagne.

 

 

Jacobo, Prince du Danemark

 

Fray Jacobo Daciano est un curieux personnage qui a participé activement dans le processus d’évangélisation en la Nouvelle Espagne pendant la deuxième moitié du seizième siècle. Ses oeuvres et son passage dans la région du Michoacán ont été registrés dans différentes chroniques de l’époque. Dans ces chroniques, son origine et son possible lien avec la royauté sont vaguement mentionnés. Cependant, ce ne sera que récemment que le chercheur danois Rasmussen fait une recherche exhaustive pour déterminer la véritable personalité de ce frère franciscain. Jacobo Daciano, né vers 1484, fut effectivement prince du Danemark, troisième fils du roi Hans et la reine Christine, et donc frère de Christian II. Cependant, étant le fils cadet, il décide de suivre une vie réligieuse au sein du franciscanisme.

 

Le cas de Jacobo n’est pas unique dans l’histoire de l’évangélisation en la Nouvelle Espagne. Plusierus cas de frères d’origine royale ou noble et avec une éducation universitaire très profonde sont connus. C’est également le cas de Fray Pedro de Gante qui cachait, sous son humble froc, sa veritable parenté avec Charles V, son neveu, car il était, en effet, fils naturel de Maximilien I, donc frère de Philippe le Beau. Pedro de Gante a reçu une éducation universitaire singulière, ce qui n’a pas été le cas de ses cofrères, qui ne comptaient, en général, qu’avec l’instruction de base reçue au couvent.

 

Une analogie entre les vies de Pedro de Gante et Jacobo Daciano est leur décision de ne jamais retourner en Europe. Cette décision rompt leur lien avec la vie de la court et leur favorise l’initiation d’un nouveau projet, d’une nouvelle vie dédiée à la conversion.

 

 

Fray Jacobo Daciano, franciscain et constructeur.

 

Nous ferons dans cette section un bref parcours de la vie réligieuse de ce personnage et nous nous questionerons sur sa possible formation comme connaisseur des bâtiments réligieux. Cette formation lui aurait permis de concevoir le couvent et la chapelle ouverte de Tarecuato, et de participer dans la conception de l’atrium de Tzintzuntzan.

 

Entre 1500 et 1515, Jacobo s’engage dans le franciscanisme sous la branche de l’observance, et commence probablement sa formation universitaire dans les études de théologie et de trilinguisme. C’est en 1527 qu’il devient vicegardien du couvent franciscain de Malmö. En 1530 Jacobo et ses frères sont expulsés du couvent par le maire Joefgen Kock, et, pour 1537 Christian III, roi reformateur, interdit la présence des ordres mendiants; Jacobo part donc en exile au Duché catholique de Mecklemburg, où il deviendra le dernier ministre provincial de "Dacia" élu. En 1542, suite à une rencontre avec Charles V, Jacobo part de Séville à Veracruz. Il commence la même année son travail dans la Province de Michoacán. En 1543 il commence la construction du couvent et de l’église de Tarecuato. En 1548 il fonde le couvent de Sainte Anne et la ville de Zacapu. Entre 1553 et 1555, il participe dans la controverse sur l’ordination des prêtres d’origine indigène. Vers 1562, il est expulsé du couvent de Pátzcuaro par Vasco de Quiroga et il meurt en 1566 dans le couvent de Tarecuato.

 

Un aspect curieux du discours ou de la rhétorique des chroniques, surtout celle de Mendieta, est celui de nous présenter les missionnaires franciscains au sein d’un imaginaire qui s’approche de l’hagiographie. Parmi ces aspects se trouve celui de leur participation dans la construction des couvents et des églises. Les chroniques semblent indiquer que ce sont eux qui ont construit ces bâtiments de leurs propres mains. Nous pouvons citer, encore une fois, le cas de Pedro de Gante, a qui l’on attribue la construction de la chapelle ouverte de San José de los Naturales dans le couvent de San Francisco à Mexico. Cependant, nous pouvons nuancer le sens de ce discours franciscain des chroniques, en observant plutôt un travail de conception de ces espaces, quelques un d’une originalité particulière, étant donné le moment historique d’adaptation de l’évangélisation.

 

Nous pouvons considérer que des personnages comme Jacobo Daciano ont pu concevoir ces espaces urbains, étant donné leur niveau de formation universitaire. Le chroniqueur Cervantes de Salazar apportait déjà , vers 1554, des éléments sur les lectures obligées des constructeurs du seizième siècle. Tel est le cas des textes de Vitruve, dont les concepts théoriques etaient étudiés à profusion par les architectes de l’époque, mais peu de fois mis en pratique dans les villes européenes. Ils ne nous semble pas arbitraire de penser que les missionnaires illustres ont également eu un contact avec ces lectures.

 

De cette façon nous trouvons, par exemple, que l’atrium (ou cour, comme il était nommé à l’époque), surgit en Nouvelle Espagne comme une solution spatiale qui a des fortes références à l’église chrétienne primitive. Dans cet élément de construction surgit, d’autre part, le concept spatial nommé capilla abierta (ou chapelle d’indiens), qui fût un instrument substantiel pour le processus d’évangélisation.

 

La chapelle ouverte est une petite construction adossée aux couvents et chapelles principales et dirigée vers l’atrium. Dans cet espace, il était possible de réaliser certains rites litturgiques, mais ces espaces ont été surtout utilisés comme endroits de catéchisation et de prédication, en considérant deux éléments culturels primordiaux: le manque d’une habitude aux espaces sacrés fermés chez les indigènes et le grand nombre de participants aux processus de conversion.

 

Le premier élément qui saute aux yeux est la localisation de la chapelle ouverte, en considérant que ces edifications étaient les premières à être construites. Hypothétiquement, ces chapelles avaient une fonction initiale en tant que visites, c’est-à-dire, qu’elles servaient comme premier point d’évangélisation et de fondation future d’un village. Si les conditions le permettaient, ces chapelles servaient comme point de départ pour continuer la construction du couvent et de l’église. Le complexe architectural prennait forme progressivement, intégrant la grande cour ou atrium et, dans certains cas, les chapelles posas dans les coins du quadrangle de l’atrium, comme points de référence lors de la célébration des processions. Finalement, l’aire de l’atrium était délimitée, la chapelle ouverte restait ainsi comme espace en plein air destiné au culte, à la catéchisation et aux célébrations dans un jeu spatial avec la cour atrial. Tel est le format que l’on observe actuellement dans les couvents de différentes régions de l’ancienne Nouvelle Espagne.

 

Même si ces modèles de construction n’ont pas été retrouvés dans l’Europe du Moyen Age, ces espaces ont collaboré dans les processus de conversion réligieuse en imposant des nouveaux schémas visuels dans un espace cérémonial, si l’on considère l’omnidirectionnalité constante des espaces rito-urbains méso-américains, et l’ unidirectionnalité visuelle que la litturgie chrétienne établit dans ses espaces sacrés.

 

 

Le couvent et la chapelle ouverte de Tarecuato

 

Dans le cas particulier de Tarecuato, les différents témoignages confirment sa fondation par Jacobo Daciano. Ce petit village, situé au nord de l’actuel état de Michoacán, est construit sur un versant boisé dirigé vers une grande vallée. Le couvent a été édifié sur une grande plate-forme en terre et pierre; l’ensemble architectural se compose du couvent, l’église, la chapelle ouverte et un enorme atrium. Dans le centre de l’atrium on trouve une grande croix atriale taillée en pierre.

 

Le style de la construction ressemble particulièrement aux formats architecturaux provençaux. A l’entrée de la parroise, l’on observe la pile baptismale enfoncée dans une sorte de piscine, donc une référence directe aux églises primitives chrétiennes. L’église obéit ponctuellement aux besoins spatiaux des franciscains qui proposaient des bâtiments à une seule nef, avec une solution visuelle de style "salle de classe".

L’exemple de Tarecuato nous permet de décrire la disposition spatiale du complexe conventuel.

A Tarecuato nous nous trouvons face à une chapelle ouverte (et un ensemble conventuel) qui a été construite sur un grand sousbassement ou plate-forme. Nous n’avons pas d’information sur le substrat de ces édifications, mais nous pourrions avancer l’hypothèse que cette chapelle est située probablement sur un sousbassement préhispanique. Clui-ci n’est pas un commun dénominateur dans d’autres chapelles ouvertes contemporaines, car, en général, les franciscains n’étaient pas partisans de l’idée de placer leurs édifications au dessus des constructions indigènes, mais de chercher justement des endroits éloignés des centres cérémoniaux autochtones (comme nous le verons plus loin dans le cas de Tzintzuntzan).

 

La chapelle ouverte de Tarecuato a un angle visuel très ample, qui couvre tout l’atrium et il n’est pas difficile d’imaginer une série de célébrations rituelles (processions, dances, messes en plein air, représentations réligieuses) en utilisant cet espace en articulation avec l’atrium.

 

Ce système de construction, caractérisé par son adaptation à un milieu inconnu comme l’a été l’évangélisation de la Nouvelle Espagne pendant le seizième siècle, sera fréquemment utilisé par les missionnaires; il s’agit d’un modèle de construction qui a favorisé le fonctionnement original de ces espaces.

 

La conception de l’ensemble, de l’espace en tant que tel, nous parle de la formation et l’information que fray Jacobo Daciano a pu intégrer, profitant de l’intéraction et l’adaptation constante entre le monde culturel occidental et le monde culturel indigène.

 

 

 

La chapelle ouverte de Tzintzuntzan.

 

Un deuxième ensemble couventuel d’intérêt, est celui de Tzintzuntzan, au bord du lac de Pátzcuaro, au Michoacán également. L’intérêt qui nos mène à inclure cet exemple, est celui de montrer la conception et la survie fonctionnelle de la chapelle ouverte intégrée au couvent, ou Fray Jacobo Daciano a également vecu vers 1542.

 

L’histoire de ce couvent commence avec l’arrivée a Tzintzuntzan de fray Martín de Jesús, avec un groupe de missionnaires vers 1525, qui demande aux indigènes un petit terrain dans un endroit plat, près du lac, changeant ainsi la tradition purépecha de construire sur les versants des montagnes: Les missionnaires n’ont pas suivi ici le système de superposition.

 

Suite à l’acceptation de la population autochtone à l’égard des missionnaires, les indigènes ont eu une disposition naturelle à collaborer dans la construction de l’église et d’une maison construite initialement en bois por les héberger. Le couvent a été initialement formé de deux célules au toit de palme. Tzintzuntzan devient de cette façon la capitale de la Province franciscaine de Saint Pierre et Saint Paul de Michoacán. L’église de Tzintzuntzan fut dédiée à Sainte Anne.

 

Tzintzuntzan a été priviligiée avec le titre de ville par céllule royale le 28 septembre 1534; par le conduit de la bulle Illius Fulciti Praesidio, le pape Paulo III a autorisé la fondation de l’évêché de Michoacán, qui fut consolidé le 6 août 1538, jour où Vasco de Quiroga a été nommé évêque. C’est ainsi que le siège épiscopal s’installe à Tzintzuntzan pendant un peu plus d’un an, ensuite Vasco de Quiroga décide de construire un siège plus ample, un espace urbain qui pourrait avoir une extension supérieure; Ceci le fait se déplacer à Pátzcuaro, un ancien quartier à l’ouest de Tzintzuntzan. Le changement se réalise en 1540, et pour 1580, Pátzcuaro cède finalement sa place comme évêché à la jeune ville de Valladolid (actuellement Morelia).

 

 

Le couvent de Saint François et chapelle ouverte de Saint Camille.

 

La construction et la conception initiale de l’ensemble conventuel, et de la chapelle ouverte de Saint Camille, a été atribuée à Fray Martin de Coruña ou bien à Fray Juan de San Miguel, et la reconstruction postérieure vers 1590, à Fray Pedro de Pila. La chapelle ouverte fait partie de la façade orientale du couvent; à sa gauche se trouve la porterie et ensuite la façade de l’église vouée a Sainte Anne; le bâtiment est construit en pierre rosée. La chapelle ouverte de Saint Camille a une longeur de 7 mètres, une hauteur maximale de 5 mètres et une profondeur de 3 mètres. L’archivolte de la chapelle est décorée de 8 querubins et 7 coquillages sculptés, plus deux autres coquillages aux côtés de l’arc. L’intérieur de la voûte est décoré de grosses nervures. Pour Amada Martínez, ce jeu architectural es un "temoignage de formes de la renaissance qui (contrastent) avec (des éléments) du style gotique". La chapelle est dirigée vers le grand atrium, qui mesure aproximativement 3000 mètres carrés, parsemes d’oliviers actuellement vétustes.

 

 

 

La chapelle de Saint Camille et la fête de la Passion

 

Une des principales hypothèses de ce travail est basée sur la possibilité de l’utilisation des chapelles ouvertes comme espaces de représentation réligieuse. Celle-ci nous mène par différents chemins. Le premier celui de résoudre si la conception de la chapelle ouverte envisageait son utilisation comme scénario théâtral, en plus de sa fonction liturgique. Bien qu’ étonnante, cette affirmation a en soi une explication cohérente, si l’on observe dans l’histoire du théâtre médiéval européen, la conjonction théâtre-litturgie qui surgit dès les temps carolingiens jusque dans le quinzième siècle en Espagne. Il ne faut donc pas s’étonner que les missionnaires aient eu l’information récente de l’utilisation du théatre comme moyen de conversion: cette méthode a fait possible une grande partie de l’évangélistion en la Nouvelle Espagne.

 

Un autre chemin de réflexion est celui de l’histoire des espaces, c’est-à-dire, la façon dont les espaces de ce genre subissent des changements fonctionnels au cours de l’histoire de la société qui les entoure. Curieusement, c’est à Tzintzuntzan où l’on peut observer ce phénomène.

La représentation de la Passion du Christ pendant la Semaine Sainte à Tzintzuntzan est une tradition bien ancrée. Le régistre le plus ancien du siècle l’a fait Frances Toor, qui a observé la représentation en 1925 . Sa déscription ne s’éloigne pas de ce que l’on observe dans l’actualité. Ce qui nous semble le plus significatif, contrairement à ce qui se passe à d’autres endroits ou cette représentation est réalisée, c’est qu’à Tzintzuntzan la chapelle ouverte est utilisée comme scénario. Nous ne voulons pas dire avec célà qu’elle ait été toujours utilisée pour cette représentation, mais ce qui nous semble particulier c’est qu’il s’agit d’un espace conventuel qui accomplit encore son propos, après 400 années d’existence.

 

La représentation de la Passion du Christ dans l’actualité est organisée par des groupes de jeunes chrétiens de la localité, sous la supervision du prêtre, qui suivent fidèlement l’organisation des anciennes cofrairies qui s’occupaient de la festivité. Le texte provient probablemente d’un livret du siècle passé, transmis de génération en génération.

 

Les différentes parties de la festivité se divisent de la façon suivante:

 

-Dimanche des Rameaux: 11 heures. Entrée de Jésus à Jérusalem.

-Mardi et mercredi: 9 heures. Parcours des soldats romains dans tout le village de Tzintzuntzan à la recherche de Jésus le Nazaréen

-Jeudi 20heures 30: Le Dernier Repas

-Vendredi 10 heures: représentation de la Passion du Christ:

La représentation se divise en:

-Les pharisiens cherchent le Christ

-Le dernier repas

-L’église des Docteurs

-La trahison de Judas

-La capture du Christ

-Le tribunal de Poncio Pilatos

-Le Christ devant ses juges (Poncio Pilatos, Flavius, Nicodemus)

-Procession des 3 chutes.

A partir de la scène des pharisiens jusqu’à celle du jugement, les acteurs entretiennent des dialogues; une procession commence ensuite dans l’atrium, qui suit les marcages des différentes stations distribuées le long d’une chaussée interne à l’atrium. Cette procession utilise 3 niveau d’images, pendant que le prêtre s’installe sur une plate-forme frontale en bois devant la chapelle ouverte pour donner les indications et décrit les faits de la procession. Les 3 niveaux auxquels on se réfère sont: les acteurs, qui continuent à représenter le Via Crucis, les images sculptées de l’Ecce Hommo et la Vierge douloureuse et les petites images contenues dans les niches des stations ou chapelles. Comme un exemple de l’articulation entre les 3 niveaux se trouve le moment quand, après la premiere chute du Christ, la Vierge s’approche et donne un baiser à son fils. La même action est représentée dans les 3 niveaux: l’image de la station où la procession est arretée, les images sculptées et les acteurs.

 

Finalement, la crucifixion n’est pas représentée selon l’usage traditionnel où les acteurs se déplacent au "Calvaire": ici ce sont son les crucifix de différentes parroises voisines qui culminent la représentation devant l’église de Sainte Anne.

 

Toute la représentation est nuancée par la présence de jeunes "Judas" avec des masques monstrueux qui, en réalité, participent dans la fête en organisant les déplacements eventuels des spéctateurs. Pendant toute la représentation et dans tout l’espace conventuel des pénitents se déplacent avec des fers aux chevilles, une capuce et une robe blancs, ainsi qu’un petit récipient ou ils recueillent l’aumône de la communauté. Ces pénitents accomplissent une partie de leur rituel devant la croix atriale de l’hôpital du couvent.

La foule qui observe la représentation est, pour la plupart, formée de parroisiens et d’une grande quantité de touristes étrangers et nationaux. Nous pouvons conclure que les niveaux de dévouement n’ont pas diminue avec le temps, tant pour les spéctateurs/fidèles que pour les acteurs qui interviennent dans la représentation: leur téchnique de représentation, leur memoire lucide pour reciter leurs textes, leurs vêtements impeccables, sont des témoignages indiscutables de la force interne qui continue à faire vivre, cyclique et rituellement, cet évènement et, par consequence, cet espace particulier.

D’une autre part, il n’est pas gratuit que ce phénomène de réception se trouve lié à l’utilisation de l’espace. A Tzintzuntzan nous observons que la spacialité de la représentation obéit à deux systèmes visuels concrets reconnaissables: la frontalité, dans les moments où la chapelle ouverte est utilisée, et la omnidirectionalité, dans certains moments ou passages de la représentation et pendant la procession dans l’atrium; cette omnidirectionalité est caractéristique et identifiable dans les anciens processus de spacialité des représentations médievales et elle est analoguement compatible avec l’usage rituel de l’espace indigene.

 

Les constructeurs du seizième siècle ont-ils eu pleine conscience de cette disposition, de cet usage et du sens de cet espace?

 

La chapelle ouverte de Saint Camille devient ainsi un objet d’étude intéréssant qui permet de continuer l’analyse sur la fonctionalité originale de ces édifications, en essayant de compléter et renforcer la reconstruction critique de leur propre histoire.

 

 

Considérations finales

 

Une révision critique des témoignages biographiques des missionnaires qui ont participé à l’évangélisation de la Nouvelle Espagne nous permet de découvrir, non seulement l‘étonnante histoire antérieure de ces personnages, mais également la participation qu’ils ont eu dans ce programme culturel. Dans le cas de Jacobo Daciano nous trouvons la figure typique du missionnaire qui a pu s’adapter, non seulement aux possibles adversités de la conversion, mais qui a eu la sensibilité pour trouver les valeurs de correspondants dans l’autre culture.

 

Dans ce contexte d’échange culturel surgissent des témoignages de type architectural, tels que la chapelle ouverte, qui parlent du besoin de construire des espaces pour adapter un rituel. Dans ces espaces il est encore possible de remarquer la présence d’élements des rituels médiévaux chrétiens ayant lieu en plein air, lesquels ont pu etre fusionnés sans probleme aux propositions rituelles prehispaniques.

 

Reste encore à réviser, de manière plus profonde, la façon dont ces missionnaires, comme l’a été le cas de Jacobo Daciano, ont participé dans ce dessin spatial et dans la construction de ces édifications. Il reste encore à étudier également, la manière dont ces espaces on pu avoir eu une relation avec les représentations de théâtre d’évangélisation. Cependant, nous pouvons déjà remarquer que l’héritage culturel médiéval de ce que ces hommes ont vu en Europe a pu etre integré, d’une manière totale, dans les nouvelles propositions architecturales du seizième siècle en Nouvelle Espagne.